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Sugar Sammy – Désolé, j’ai eu mon visa

by JULIEN BARRET
2018-11-05

Sugar Sammy c’est la crème du fucking stand-up à l’américaine. Star au Québec où il a performé en anglais puis en français, il a aussi triomphé en Inde, son pays d’origine, en hindi et en penjabi, et voilà qu’il débarque en France. [...] Il nous explique la différence entre les bonnes et les mauvaises vannes, il nous a choisi, nous les Français en écrivant ce nouveau spectacle dans la langue de Molière. C’est fucking divertissant. Le flow est là, bien sûr, et les gimmicks, articulés dans un langage très cool. Sugar Sammy met la France sur le grill à travers un grand « roast » culturel, cette pratique des humoristes US consistant à envoyer des piques à un invité mis sur la sellette, comme dans The Comedy Central Roasts.

Le comédien est très fort en impro : pas seulement pour interpeller les spectateurs à la façon, classique, du stand-up. Il est attentif à tout ce qui se passe, réactif, spirituel, et rebondit toujours à propos. Tout au long cette heure et quart, il intègre toutes les réactions du public à travers ces nombreux call backs, une technique tissant le show d’allusions à ce qui vient de se passer dans la salle. Interactivité, esprit d’à-propos, connexions établies entre des éléments épars : ça pourrait être une définition de l’intelligence scénique, et ça donne, pour de vrai, des shows chaque fois différents. Niveau gymnastique intellectuelle, le gars n’a pas d’équivalent.

« Tout ce qui est mauvais pour l’humanité est bon pour l’homme ». C’est la devise de celui qui cherche toujours à titiller cette ligne invisible que chaque communauté nationale ou culturelle refuse de voir franchir, le point de bascule entre rire et malaise… Ce malaise qu’il finit toujours par dédramatiser au moyen d’une vanne inattendue. Forcement, on est dans la caricature : ainsi les Français sont les gays de l’humanité, avec leurs sacoches en bandoulière et leurs noms joliment inoffensifs comme Valentin ou Corentin (la phrase « Valentin te cherche » fait moins flipper que « Bill’s looking for you »). Il n’hésite pas à les cuisiner, ces Français qui ne savent pas répondre par oui ou non, mais ont toujours à la bouche quelques mots confus pour noyer le poisson. Et le public est sous le charme…